En 1818, la commune de Vercel s’agrandit en absorbant celle de Goux. Cet événement marque une étape dans l’évolution territoriale de la région, en consolidant les liens entre ces deux communautés rurales.
La Mort du Village de Villedieu-le-Camp
L’histoire de Villedieu-le-Camp, village aujourd’hui disparu, est tragique. Elle débute avec une demande de l’armée en 1900 à la municipalité de Valdahon. L’objectif était de permettre l’implantation d’un champ de tir en bordure de la forêt du Grosbois. En 1904, un projet supplémentaire d’un camp d’instruction militaire fut envisagé. Ce camp fut inauguré le 15 juin 1907. L’indemnisation obtenue suite à l’expropriation de quatre fermes permit à la commune d’acheter, le 8 octobre 1907, 75 hectares de la forêt du Chanois pour 310 000 francs.
Cependant, cette première phase de développement du camp militaire n’était qu’un début. La nécessité d’agrandir encore le camp allait sceller le destin de Villedieu-le-Camp. Un décret d’expulsion pris le 18 mars 1914 par le président de la République, Raymond Poincaré, ordonna l’évacuation de tout le village. L’effet de ce décret fut suspendu en raison de la Première Guerre mondiale, mais la décision était irrévocable. Le 7 mai 1924, un second décret fut publié et pris effet les 3, 4 et 5 novembre 1925. Le village cessa alors de vivre.
L’indemnisation offerte aux habitants ne compensait pas le sacrifice imposé. Les familles de Villedieu-le-Camp furent contraintes de se disperser dans la région, où elles tentèrent de reconstruire leur vie en rachetant ou en louant des fermes. L’évacuation finale du village eut lieu le 1er juin 1926, et Vercel absorba officiellement le territoire de Villedieu-le-Camp en 1962, après que la commune ait été déclarée en instance de suppression.
Les Templiers et les Hospitaliers
Au Moyen Âge, Villedieu-le-Camp, alors appelée La Villedieu-en-Varais puis Villedieu-lès-Vercel, fut une commanderie de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, rattachée au grand prieuré d’Auvergne. Bien que peu de mentions de l’église du village existent, des écrits font état d’un « Temple de La Villedieu », suggérant ainsi une origine templière de cette commanderie. Ce nom perdura au moins jusqu’en 1850.
La commanderie de Villedieu-le-Camp fonctionnait comme une seigneurie classique et possédait des terres dans les villages avoisinants. Par la suite, elle fut intégrée aux possessions des comtes de Neuchâtel-Urtière.
Les Grandes Figures de Vercel
L’histoire de Vercel est marquée par la participation de ses habitants à des événements majeurs de l’époque. En 1282, Regnaudin et Rolin de Vercel prirent part à une expédition en Provence avec d’autres nobles du Comté de Bourgogne. Au milieu du XIVe siècle, Hugues de Vercel occupa la prestigieuse fonction de bailli d’Amont en 1349 et 1353.
Au cours des guerres de la fin du XVe siècle, le village aurait été incendié, bien que l’histoire de cette destruction reste partiellement voilée par le temps. Pierre, seigneur de Vercel et de Goux, fut reçu dans la célèbre confrérie de Saint-Georges en 1449, une distinction également accordée à d’autres membres de la famille, comme Huguenin de Vercel en 1451 et Louis de Vercel en 1512.
En 1475, Jean IV de Rupt, chevalier, sire de Rupt et d’Autricourt, bailli d’Amont, sans descendance directe, légua l’ensemble de ses biens à son neveu, Jean de Goux. Ce dernier hérita aussi des armes de la famille Rupt, symbole de la transmission du pouvoir et des alliances entre les grandes familles seigneuriales de la région.
Cette riche histoire, marquée par la grandeur et le déclin de Villedieu-le-Camp, reflète les bouleversements historiques, économiques et militaires ayant façonné le territoire de Vercel-Villedieu-le-Camp à travers les siècles.