Eva Wood, une Américaine née en France il y a 81 ans, retrace la vie de son père, résistant mort le jour de la Libération, le 19 août 1944, et qu’elle n’a jamais connu. Le musée de la Mémoire de Portet-sur-Garonne l’a accueillie, sur les lieux où son père a été interné, au camp du Récébédou.
La rencontre a eu lieu dans la matinée du jeudi 22 août. Eva Wood, citoyenne américaine de 81 ans, a passé la porte du musée de la Mémoire de Portet-sur-Garonne, aménagé dans le dernier baraquement encore debout du camp du Récébédou. Ce camp de sinistre mémoire, aménagé à la fin des années 30 pour accueillir des ouvriers, restera surtout celui où seront internés des milliers de Juifs, et d’où partiront trois convois vers Drancy, puis vers les camps de la mort, à Auschwitz.
Eva a d’abord serré dans ses bras Cécilia Khadaroo. Cette étudiante cugnalaise, parfaitement bilingue, avait passé de longues heures, parfois à sourire, souvent à pleurer, en lisant et en traduisant en anglais les lettres qu’Henri Edelsburg, le papa d’Eva, écrivait à sa maman, Andrée Amathieu, pendant son internement.
« Ce voyage a changé ma vie »
« Merci. Merci à Cécilia d’avoir traduit pour que je comprenne enfin, merci à Christophe (Lefèvre), directeur du musée de la Mémoire », a-t-elle prononcé, en français. Eva Wood, au crépuscule de sa vie, a voulu revenir sur les traces de ce père qu’elle n’a jamais connu. « J’ai voulu fêter mes 80 ans, l’an dernier, dans le pays qui m’avait vue naître, la France. Ce voyage a changé ma vie. Mon père est mort alors que je n’avais qu’un an, en défendant la France. Il faisait partie des Forces françaises de l’Intérieur. Il était résistant, il est mort pour la France ». Sur son certificat de grade des FFI, il est inscrit « Disparu ».
Alors, pour faire revivre ce père, « qua ma mère n’a finalement connu que cinq années, mais dont elle est restée amoureuse toute sa vie, jusqu’à sa mort en 2008 », Eva Wood a exhumé une soixantaine de lettres et autant de poèmes, restés dans une boîte chez sa mère, et dont elle fera en partie don au musée de la Mémoire de Portet. « Des lettres où son père parle de son quotidien au camp du Récébédou, de ses petits bonheurs arrachés à un quotidien très dur, de son espoir dans un monde meilleur. Des lettres d’amour. On voyait qu’il était fou amoureux de sa femme », raconte Cécilia, émue.
Moins d’un an plus tard, Germain Rolland (son pseudonyme dans la Résistance) disparaît
Henri Herman Edelsburg, né en 1914 à Varsovie, était arrivé en France pour fuir la persécution du régime nazi. « Il a rencontré ma mère, et ça a été le coup de foudre. Un mois après, ils étaient mariés ». C’était en décembre 1939. La mère d’Eva s’appelait Andrée Amathieu. Quatre ans après, le 1er novembre 1943, la petite Eva vient au monde. Moins d’un an plus tard, le 19 août 1944, Germain Rolland (le pseudo d’Henri Edelsburg dans la Résistance) est tué dans les combats de la Libération. Andrée et sa fille Eva émigreront chez un cousin aux États-Unis.
« Il était arrivé au camp du Récébédou en mai 1941, et en est reparti en novembre de la même année. Nous avons la lettre de sortie, signée par le directeur du camp. En revanche, on ne sait pas pourquoi il a été libéré », raconte Christophe Lefèvre, directeur du musée de la Mémoire. Henri Edelsburg est ensuite assigné à résidence dans le petit village d’Ôo, près de Luchon. Il sera également interné au camp du Vernet, en Ariège, dont il parviendra vraisemblablement à s’évader, pour rejoindre la Résistance.
A lire aussi : Musée de la Mémoire : exposition « Récébédou Hiver 42 », à compter du 04 janvier
« Le travail que font Christophe et Cécilia est remarquable, pour faire vivre la mémoire de ce camp, et de ceux qui y ont été internés », remercie Eva Wood, avant de repartir vers les Pyrénées-Atlantiques, où elle doit assister, ce week-end, aux cérémonies des 80 ans de la Libération. Puis vers la Caroline du Nord, où elle vit. Des centaines de documents vont maintenant être numérisés, certains conservés dans les précieuses archives du musée, et pourquoi pas exposés au grand public. Pour faire vivre la mémoire d’Henri, de sa femme Andrée et leur amour éternel.
Le camp du Récébédou, toujours présent à Portet
Des 80 baraquements du camp du Récébédou, à Portet-sur-Garonne, il n’est reste plus qu’un, le numéro 19. C’est dans ce bâtiment qu’est aménagé le musée de la Mémoire de la ville. Mais le Récébédou, camp où ont été internés près de 8 000 personnes au total, où beaucoup d’internés sont morts, et d’où sont partis des trains vers Drancy puis Auschwitz en 1942, reste inscrit dans la mémoire et même la géographie de la ville. Le nom Récébédou (les « terres du receveur », le collecteur des impôts en vieil occitan) est resté pour nommer ce quartier, proche de la route d’Espagne. La voirie actuelle correspond aux allées du camp de l’époque. Les baraquements ont progressivement été démolis, pour laisser place à un quartier d’habitation. Le père d’Eva Wood, Henri Edelsburg, a été interné dans le baraquement n°37, visible sur la maquette du camp, au musée de la Mémoire.
vercel-villedieu-le-camp.fr est une plateforme numérique qui compile divers communiqués publiés sur internet dont le sujet de prédilection est « Vercel-Villedieu-le-Camp ». Vous pouvez tirer profit de ce papier traitant le sujet « Vercel-Villedieu-le-Camp ». Il est sélectionné par l’équipe vercel-villedieu-le-camp.fr. La chronique a été générée du mieux possible. Vous avez la possibilité d’écrire en utilisant les coordonnées indiquées sur notre site web dans le but d’indiquer des explications sur ce post qui parle du thème « Vercel-Villedieu-le-Camp ». En consultant de temps en temps nos pages de blog vous serez au courant des prochaines publications.